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Le TAE & moi

Le tire-lait, cette petite machine qu’on regarde avec un air mi-anxieuse, mi-intriguée. On n’ose pas le dire, mais elle nous fait sentir un peu comme une vache. J’étais loin de me douter à quel point ce simple objet prendrait une place centrale dans ma maternité et dans ma vie en général. Je dois avouer que j’étais naïvement certaine d’allaiter mon enfant, c’était même je dirais inconcevable pour moi de ne pas pouvoir le faire.

La vie en avait décidé autrement.

Lors d’une journée froide de janvier, tout allait basculer. Ma fille avait décidé de se pointer le bout du nez pendant ma 33e semaine de grossesse.

On pense que ça arrive seulement aux autres. Ben non, c’était moi «l’autre». Suite à sa naissance, j’étais un peu dans les vapes. À mi-chemin entre le rêve et le cauchemar. Incubateur… Gavage… CPAP… Les mots se mélangent. Une infirmière m’explique que si je désire allaiter, je dois stimuler artificiellement ma montée laiteuse.

Mon conjoint court alors se procurer un tire-lait. J’ai tiré, tiré et encore tiré afin qu’on puisse gaver ma fille de mon précieux lait.

Mon tire-lait était devenu mon meilleur allié. Lorsque le gavage de ma fille a cessé, nous avons tenté l’allaitement conjointement au tire-allaitement. J’y ai investi beaucoup d’énergie. J’ai persévéré l’allaitement une fois à la maison, mais ma fille s’était habituée aux biberons. Ça ne fonctionnait pas et nous vivions échec après échec.

Malheureusement, il existe peu de ressources sur le tire-allaitement et les conseils généraux reçus sur l’allaitement ne sont pas toujours appropriés.

J’aurais aimé qu’on m’explique que le tire-allaitement était une méthode saine et acceptable de nourrir mon enfant. J’aurais aimé que ma consultante en allaitement me supporte au lieu de s’entêter à mettre ma fille au sein alors que c’était frustrant pour elle et douloureux pour moi. Je me suis sentie tellement seule, jusqu’à ce que je trouve une communauté québécoise de tire-allaitement.

J’ai alors pris la décision d’abandonner l’allaitement au sein.

Ç’a été libérateur. J’ai décidé de voir mon tire-allaitement comme une histoire positive. J’ai cessé de me dire que j’avais échoué mon allaitement, et je me dis plutôt que j’ai réussi mon tire-allaitement.



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